Avec plus de vingt ans d’expĂ©rience dans le conseil aux entreprises, nous avons souvent Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă la question de la dissolution d’une association. Cette procĂ©dure, bien que dĂ©licate, est parfois nĂ©cessaire dans la vie d’une organisation. Nous allons vous guider Ă travers les diffĂ©rentes Ă©tapes et options disponibles pour dissoudre une association en France.
Les diffĂ©rents types de dissolution d’une association
La dissolution d’une association peut survenir de plusieurs manières, chacune ayant ses propres particularitĂ©s et procĂ©dures. Il est nĂ©cessaire de comprendre ces diffĂ©rentes options pour choisir celle qui convient le mieux Ă votre situation.
La dissolution volontaire est la forme la plus courante. Elle est dĂ©cidĂ©e par les membres de l’association lors d’une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire. Cette option est souvent choisie lorsque l’association a atteint ses objectifs ou lorsque les membres ne souhaitent plus poursuivre l’activitĂ©.
La dissolution statutaire intervient automatiquement dans deux cas :
- Ă€ la fin de la durĂ©e prĂ©vue dans les statuts de l’association
- Lorsque l’objet pour lequel l’association a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e est rĂ©alisĂ©
Dans certains cas, une dissolution judiciaire peut ĂŞtre prononcĂ©e par un tribunal. Cette dĂ©cision peut ĂŞtre prise si l’association ne respecte pas ses obligations lĂ©gales ou si ses activitĂ©s sont jugĂ©es illĂ©gales.
Enfin, bien que rare, la dissolution administrative peut ĂŞtre ordonnĂ©e par dĂ©cret en Conseil des ministres. Cette mesure exceptionnelle est gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ©e aux associations qui menacent l’ordre public.
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Procédure de dissolution volontaire : étapes clés
La dissolution volontaire est la méthode la plus fréquemment utilisée. Voici les étapes à suivre pour mener à bien ce processus :
- Convocation de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire : Cette rĂ©union doit ĂŞtre organisĂ©e selon les modalitĂ©s prĂ©vues dans les statuts de l’association.
- Vote de la dissolution : Les membres présents ou représentés doivent voter en faveur de la dissolution. La majorité requise est généralement précisée dans les statuts.
- Rédaction du procès-verbal : Un document officiel détaillant la décision de dissolution doit être rédigé.
- Déclaration à la préfecture : La dissolution doit être déclarée auprès des autorités compétentes.
- Liquidation des biens : Cette Ă©tape cruciale implique la gestion du patrimoine de l’association.
Il est capital de noter que la personnalitĂ© morale de l’association est maintenue pendant la phase de liquidation, ce qui permet de gĂ©rer les dernières opĂ©rations financières et administratives.
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Formalités administratives et spécificités régionales
Une fois la dĂ©cision de dissolution prise, plusieurs formalitĂ©s administratives doivent ĂŞtre accomplies. Ces dĂ©marches varient selon la localisation et le statut de l’association.
Pour la majorité des associations en France, les étapes suivantes sont requises :
- Remplir et soumettre le formulaire Cerfa n°13972*03 à la préfecture
- Informer l’INSEE si l’association possède un numĂ©ro SIRET
- Publier optionnellement la dissolution au Journal Officiel
Pourtant, en Alsace-Moselle, les règles diffèrent lĂ©gèrement. Dans cette rĂ©gion, la dĂ©claration de dissolution doit obligatoirement ĂŞtre faite auprès du tribunal d’instance local. Cette particularitĂ© s’explique par le droit local spĂ©cifique Ă ces dĂ©partements.
Voici un tableau récapitulatif des formalités selon la localisation :
RĂ©gion | Organisme Ă contacter | Document Ă fournir |
---|---|---|
France (hors Alsace-Moselle) | Préfecture | Cerfa n°13972*03 |
Alsace-Moselle | Tribunal d’instance | DĂ©claration spĂ©cifique |
Liquidation et devenir du patrimoine associatif
La phase de liquidation est une Ă©tape cruciale dans le processus de dissolution d’une association. Elle implique la nomination d’un ou plusieurs liquidateurs, gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ©s lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire qui a votĂ© la dissolution.
Les missions des liquidateurs sont multiples et incluent :
- La rĂ©cupĂ©ration des crĂ©ances dues Ă l’association
- Le paiement des dettes restantes
- La résiliation des contrats en cours
- Le licenciement des éventuels salariés
Une fois ces tâches accomplies, se pose la question du devenir du patrimoine restant, appelĂ© boni de liquidation. Contrairement Ă une idĂ©e reçue, ce patrimoine ne peut pas ĂŞtre partagĂ© entre les membres de l’association, sauf dans le cas particulier de l’Alsace-Moselle oĂą les statuts peuvent le prĂ©voir.
Le boni de liquidation doit ĂŞtre transmis Ă d’autres associations ou organismes ayant des buts similaires. Cette dĂ©cision est gĂ©nĂ©ralement prise lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de dissolution.
Au cours de nos deux dĂ©cennies d’expĂ©rience, nous avons constatĂ© que cette Ă©tape peut soulever des questions Ă©thiques et pratiques. Il est primordial de choisir avec soin les bĂ©nĂ©ficiaires du patrimoine restant, en respectant l’esprit et les valeurs qui ont guidĂ© l’association tout au long de son existence.
Alternatives et réflexions finales
Avant de procĂ©der Ă la dissolution, il est judicieux d’explorer les alternatives possibles. La mise en sommeil temporaire de l’association peut ĂŞtre une option intĂ©ressante si les statuts le permettent. Cette solution offre la possibilitĂ© de suspendre les activitĂ©s de l’association sans pour autant mettre fin Ă son existence lĂ©gale.
Les motifs les plus fréquents de dissolution que nous avons observés au fil des ans incluent :
- Un manque de bénévoles ou une baisse de motivation
- La rĂ©alisation complète de l’objet de l’association
- Une longue pĂ©riode d’inactivitĂ©
- La fusion avec une autre structure
- La scission en plusieurs entités distinctes
Quelle que soit la raison, la dĂ©cision de dissoudre une association ne doit pas ĂŞtre prise Ă la lĂ©gère. Elle marque la fin de l’existence lĂ©gale de l’organisation et peut avoir des implications significatives pour ses membres et bĂ©nĂ©ficiaires.
Comme professionnels aguerris dans le domaine, nous recommandons toujours une rĂ©flexion approfondie et une consultation avec les parties prenantes avant d’entamer le processus de dissolution. Il est Ă©galement judicieux de solliciter l’avis d’un expert juridique pour s’assurer que toutes les Ă©tapes sont correctement suivies, notamment en ce qui concerne les règles spĂ©cifiques qui peuvent s’appliquer Ă certains types d’associations, comme les associations sportives ou de financement Ă©lectoral.
La dissolution d’une association, bien que parfois nĂ©cessaire, marque la fin d’une aventure collective. Elle doit ĂŞtre menĂ©e avec rigueur et respect, en gardant Ă l’esprit l’hĂ©ritage et les valeurs que l’association laisse derrière elle.